TRACES URBAINES
1990
50 x 60 cm
tirage sur papier baryté
Un photographe, son nom l’indique, écrit avec la lumière. Chez Luc Ewen, elle n’est plus que prétexte. Prétexte plutôt, écriture avant l’écriture. Avant celle qui se fait dans l’obscurité. Ou dans l’anonymat. Cela donne une série d’images insolites:
Parce que de voyage il est question dans les «tracés urbaines», un double voyage, de ville en ville, d’écriture en écriture. Luc Ewen part par exemple à Arles, «prend» une photo et en développe le négatif. C’est alors que commence le véritable travail. Le négatif repart dans une autre ville, mettons Cologne, y est collé par terre, sur un rail, dans un escalier ou dans une rue, et attend.
D’autres traces, par hasard, viennent s’y inscrire: les pas des passants, les roues de voitures, des traces de toutes sortes, anonymes, involontaires. Deux hasards se croisent, l’œuvre d’art se fait. Fruit de l’artiste et d’une foule d’inconnu(e)s. La liaison est établie. Il ne reste plus qu’à tirer le positif ... si toutefois le négatif n’a pas disparu entièrement, emporté par le vent, empoché par un curieux, sans trace, ce qui arrive souvent.
L’idée, elle, n’est cependant pas venue par hasard. C’est plutôt l’aboutissement d’une évolution qui a amené Luc Ewen de la simple prise d’image à la création de l’œuvre.
Jean Portante, 1990