PORTFOLIO
PRELUDIO PARA EL AÑO 3001
2019-2021
A travers un processus expérimental, Luc Ewen aborde les possibilités et les limites du langage photographique, créant des paysages étranges, donnant vie à un univers dystopique. Le voyage est unique.
Artiste discret, sinon secret, Luc Ewen ne prétend pas «faire» de la photographie, pas plus qu’il ne se définit comme un photographe.
En fait, c’est en questionnant la photographie – laquelle, selon lui, « est une partie de la réalité mais qui ne l’est pas » -, qu’il met en œuvre, en couches, des processus traversés par l’objet, le paysage et la chimie. Dans son petit laboratoire habité par la transfiguration, Luc Ewen fabrique des images où, au final, « tout est vrai et tout est faux ».
Marie-Anne Lorgé, 2021
TRACES URBAINES
1990
Parce que de voyage il est question dans les «tracés urbaines», un double voyage, de ville en ville, d’écriture en écriture. Luc Ewen part par exemple à Arles, «prend» une photo et en développe le négatif. C’est alors que commence le véritable travail. Le négatif repart dans une autre ville, mettons Cologne, y est collé par terre, sur un rail, dans un escalier ou dans une rue, et attend.
D’autres traces, par hasard viennent s’y inscrire les pas des passants, les roues de voitures, des traces de toutes sortes, anonymes, involontaires. Deux hasards se croisent, l’œuvre d’art se fait. Fruit de l’artiste et d’une foule d’inconnu(e)s. La liaison est établie. Il ne reste plus qu’à tirer le positif ... si toutefois le négatif n’a pas disparu entièrement, emporté par le vent, empoché par un curieux, sans trace, ce qui arrive souvent. ...
DE NYMPHIS, SYLPHIS, PYGMAEIS
ET SALAMANDRIBUS
2003
Un conteneur. La matière: l’industriel en fin de trajectoire, rebut de la société urbaine. Inerte. Survient l’artiste-sorcier. Disparaît dans l’imposant corps de fer. Son dessein? Le voilà qui réapparaît, tenant comme un trésor sa drôle de boîte aux cinq optiques. Elle regorge d’images nourries d’un amalgame de fragments captés sur pellicule. L’éphémère. Comme ces traces du passage fugitif d’une créature amphibie. Insaisissables esprits de terre? Esprits d’eau? L’ artiste alchimiste seul en possède le secret. Lui, bon génie qui a su réveiller à la vie ce qui était voué à la disparition. Eclot alors, sous les feux du soleil, un cosmos dans une gamme chromatique éblouissante. Emergent des paysages étranges, des visions fascinantes. De genèse? Futuristes? Ou archaïques? Vision apocalyptique de cette créature échouée sur le sable. Et ces fonds marins où gît l’épave d’un vaisseau fantôme. Enigme. Tout n’est que passage, éphémère. Fusion, illusion.Les esprits veillent.
maggie steffen, novembre 2003